Internationale Situationniste, Numéro 11
octobre
1967
La pratique de la théorie

Les scissions de la F.A.

Contrairement à tous les bruits répandus sciemment dans la Fédération Anarchiste, et clamés jusque dans son Congrès de Bordeaux, il n’y a jamais eu aucune sorte de « complot situationniste » tendant à faire éclater cette Fédération, qui a toujours présenté à nos yeux l’inintérêt le plus total. Nous n’y connaissions personne. La lecture épisodique du déplorable Monde Libertaire était loin de nous laisser supposer que l’I.S. pût y avoir la moindre audience. De la misère en milieu étudiant apporta à cet égard une certaine surprise : différents membres de la F.A. parurent l’approuver. La direction permanente de la F.A., qui avait absolument tout supporté, dans ses rangs ou en invité dans son journal, du pro-chinois, du surréaliste, du lettriste, avec la même bienveillance qu’elle accorde au syndicat Force Ouvrière, réagit très vivement pour soustraire on ne sait quels militants à la première influence qu’elle jugea pernicieuse. Un article nous calomniait avec la dernière lourdeur. Nous envoyâmes une réponse assez dure, ce qui plaçait tout individu à prétention révolutionnaire dans l’obligation d’en exiger la parution et, puisqu’elle apparaissait impossible à ses chefs, d’en tirer les consé quences. C’est, par exemple, ce qui ne firent pas les « anarchistes » du Groupe de Nanterre, de vrais étudiants qui croyaient pouvoir s’offrir les luxes réunis de nous applaudir en esthètes, d’être garantis anarchistes par l’étiquette F.A., et de n’être en rien compromis par les actes de la F.A., puisqu’ils la condamnaient à tout instant à l’extérieur. Trois groupes se trouvèrent en cette circonstance — celui de Ménilmontant, le Groupe Anarchiste-Révolutionnaire et le Groupe Makhno de Rennes — pour défendre une position honorable. Ce problème fit surgir tous les autres. Les choses s’envenimèrent au point qu’au Congrès de Bordeaux, en avril, tandis que ces trois groupes rompaient avec la totalité de la F.A., une autre scission, numériquement beaucoup plus considérable, était amenée à fonder une F.A. bis, qui reproduit pour son propre compte la confusion et les carences de la véritable. Bien entendu, l’I.S. n’avait et n’aura aucune sorte de relation avec ces deux F.A. De leur côté, les trois groupes radicaux qui se sont définis dans ce processus ont fusionné, et ont annoncé la prochaine parution d’une revue Internationale Anarchiste (Adresse : 80, rue de Ménilmontant, Paris-20ᵉ). Il est bien clair que, sans que rien d’extérieur ne s’en occupe, la F.A. devait éclater d’ellemême à partir du moment où certains de ses membres découvriraient la moindre trace d’un courant critique réel d’aujourd’hui. Car voir une telle critique est du même coup voir le vide de la F.A., et la manière dont ce vide se défend.

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